Hommage à Christian Mauduit,
Témoignage de François Moussavou : un enseignant du secondaire
Depuis sa tragique disparition en août dernier, les hommages et les témoignages sur Christian
Mauduit se succèdent. Il était tellement actif, tellement passionné et tellement passionnant
qu’il est impossible, en seulement quelques phrases, de donner ne serait-ce qu’un aperçu, de
ce qu’a été sa vie professionnelle ; je devrais même dire « ses vies professionnelles ».
Christian était un brillant mathématicien comme ne manquent pas de le rappeler ses pairs. Il
était aussi particulièrement impliqué dans la diffusion de la culture scientifique comme en
témoignent les nombreux projets qu’il a initiés ou auxquels il a participé. Il faisait aussi partie
de cette catégorie de mathématiciens intéressés et impliqués dans la réflexion sur
l’enseignement des mathématiques ; c’est peut-être une facette moins connue de son intense
activité professionnelle ; c’est celle-ci qui m’a donné la chance de travailler avec lui et c’est
d’elle que je voudrais parler ici.
J’ai croisé, pour la première fois, Christian il y a une dizaine d’années alors qu’il venait de
prendre la direction de l’IREM d’Aix-Marseille. Je n’étais pas encore animateur IREM mais
je m’intéressais de près aux possibilités que pouvaient offrir une telle institution. C’est lui qui
m’a permis d’intégrer le groupe « lycée professionnel » de l’IREM, qui y a impulsé de
profondes transformations. Avec la volonté dont il faisait preuve, la confiance qu’il nous
accordait et les conseils éclairés qu’il nous donnait, il nous à permis de développer les actions
de ce groupe au-delà de toute espérance ; sans jamais en avoir été membre, il a réussi à en être
un des principaux artisans. C’est lui qui nous a poussés à participer aux colloques du réseau, à
écrire nos premiers articles sur l’enseignement des mathématiques au LP, à monter nos
premières formations directement issues de nos travaux et de nos réflexions.
En 2009, je lui demande s’il serait possible de créer un groupe traitant des problématiques de
l’évaluation des acquis du socle commun de connaissances et de compétences.
Immédiatement, il crée le groupe, contacte Antoine Bodin en personne pour qu’il en prenne la
responsabilité et nous met en contact avec l’Ecole de la Deuxième Chance, dans les quartiers
nord de Marseille, qui travaille depuis plusieurs années déjà sur ces questions. Là encore, ce
sera une formidable aventure, tant humaine que professionnelle.
Deux ans plus tard je vais avoir, une nouvelle fois, l’occasion de travailler avec lui en
devenant un de ses étudiants. En effet, il fait alors partie de l’équipe qui va réussir à créer un
master 2 recherche en didactique des mathématiques à Marseille. Il y assurera, aux côtés de
Pierre Arnoux et de Lionel Vaux, un module d’enseignement sur l’actualité de la recherche en
mathématiques. Ce module était évalué à partir de la rédaction d’un mémoire ; Christian avait
accepté d’encadrer mon travail. Là encore ce furent des moments particulièrement forts. Je
souhaite à tout enseignant de mathématiques de pouvoir suivre ce type de formation qui, pour
ma part, m’a permis d’adopter, à travers une activité de recherche, un regard totalement
nouveau sur ma discipline.
L’année dernière, Christian m’avait proposé de rejoindre la toute nouvelle Commission
Internationale Inter IREM qui était en train de se créer ; cela aurait été, pour moi, une
nouvelle occasion de travailler à ses côtés. La Commission Internationale verra bien le jour et
se réunira une première fois, lors du colloque célébrant le centenaire des IREM, sous sa
responsabilité ; mais cette nouvelle collaboration n’aura finalement pas lieu… Christian nous
a quittés.
J’ai eu plusieurs fois l’occasion de le remercier pour tout ce qu’il avait fait : pour les IREM,
pour la reconnaissance de l’enseignement en lycée professionnel, pour plusieurs d’entre nous,
individuellement ou collectivement. Comme souvent dans ce genre de situation, on se rend
compte que l’on aurait aimé faire plus, dire plus, remercier encore plus souvent et plus
fortement. Il aurait vécu 100 ans j’aurais vécu 100 ans, je n’aurais pas eu le temps de lui
transmettre tous les remerciements que je lui dois.
Alors une dernière fois, ici, devant vous, je te dis merci, Christian.
Merci pour tout ce que tu as fait, merci pour tout ce que tu nous as permis de faire.
François Moussavou

Mon ami, Christian MAUDUIT, que j’ai eu la chance et le plaisir de connaître il y a 30 ans,
nous a quittés subitement le 13 Aout 2019. Il a été victime d’une crise cardiaque à Marseille.
Ses obsèques ont eu lieu le 20 Aout. Mes pensées vont à Carole, Galien, Eliabel, Orion et à
toute sa famille et proches.
Christian était un Grand Mathématicien. Professeur à l’Université de Marseille, membre
Senior depuis 2014 de l’Institut Universitaire de France, il a travaillé entre autres sur la
théorie des nombres, la combinatoire et les systèmes dynamiques avec d’éminents
mathématiciens comme Paul ERDÖS.
Il fut médaillé de bronze du CNRS en 1990
La récompense des Palmes Académiques venait juste de lui être remise en décembre 2018
pour l’ensemble de son œuvre
En parallèle de ses activités de recherche, il était fortement impliqué dans la diffusion de la
culture mathématique et scientifique ainsi que dans l’expérimentation de nouvelles méthodes
d’enseignement des mathématiques. Grace à lui, j’ai pu organiser à EL jadida une édition du
concours international « Kangourou des lycées et des Universités. J’ai aussi participé à ces
cotés à la première École d’Été « Recherche Mathématique et Enseignement » et d’une "École
Thématique CNRS", à l’INJA et à l’Académie des Sciences (Juillet 1994), organisée avec le
concours du CNRS, de l’Académie des Sciences et de l’association « Maths pour tous » dont il
était le Président.
Comme directeur de l’IREM de Marseille, il fut l’un des initiateurs du lancement des stages
Hippocampes, en France et à l’étranger.
Il nous avait honoré par sa participation à la première conférence pédagogique organisée par
la Société Marocaine de Mathématiques Appliquées à Méknès en Mai 2008. Il a aussi
organisé à l’Ecole des Mines de Rabat des ateliers sur la diffusion de la culture mathématique
au profit de jeunes doctorants.
Il a permis, avec le soutien de l’IREM de Marseille, à une délégation marocaine, de participer
au congrès des IREM tenu à Strasbourg en Juin 2016.
Sollicité, il a accepté de prendre la responsabilité de la Commission Internationale InterIREM, dont la première réunion s’est tenue le 8 mai 2019 à Besançon à l’occasion du
Cinquantenaire des IREM.
Il devait animer le 28 septembre à Paris la seconde réunion sur le thème du multilinguisme.
Son optimisme, sa gentillesse, son soutien aux jeunes mathématiciens et son sens du partage
m’ont marqué pour toujours.
Qu’il repose en paix. Khalid Najib