Journée d’hommage à André Revuz (ajout du 3 mars 2010)
Le Laboratoire de didactique André Revuz (ex-Didirem) organise le 26 mars 2010 à l’Université Paris Diderot - Paris 7 une journée en hommage à André Revuz, professeur honoraire, décédé le 27 octobre 2008.
Témoignage de René Cori
J’ai la grande tristesse de vous annoncer le décès d’André Revuz, professeur honoraire à l’université Paris Diderot (Paris 7) survenu le 27 octobre.
Tout au long de sa carrière, André Revuz aura mis son immense énergie et ses grands talents conjugués de mathématicien et de pédagogue au service de l’enseignement des mathématiques.
Il a été un des artisans de la création des IREM, il y a tout juste quarante ans, et a été le fondateur et le premier directeur de l’IREM de Paris. Après son départ à la retraite, il était resté un
inlassable militant de l’enseignement des mathématiques, n’hésitant jamais à venir encourager ceux à qui il avait transmis le flambeau.
Ainsi, tout récemment encore, dans une remarquable conférence à l’IREM de Paris, il avait apporté un précieux témoignage sur les intenses discussions sur l’enseignement des mathématiques qui ont marqué la deuxième moitié du vingtième siècle. Nous avions encore eu le plaisir de le voir en mars dernier aux Grands Moulins de Paris, dans les nouveaux locaux de l’université Paris 7, où il avait tenu à venir à la rencontre de classes de lycées, collèges et écoles qui avaient participé à un concours consacré aux mathématiques qu’organisaient l’IREM et l’APMEP.
André Revuz voulait un enseignement des mathématiques de haute qualité pour tous les élèves, et avait prouvé que ce n’était pas une utopie. Il s’est toujours battu avec détermination pour qu’existe une formation des maîtres à la hauteur de cette exigence. Son combat est plus que jamais d’actualité.
La disparition d’André Revuz est une grande perte pour la communauté de l’enseignement des mathématiques.
Il est certain que de nombreux hommages lui seront rendus prochainement.
Vous pouvez prendre connaissance du message que vient de rendre public Guy Cousineau, président de l’Université Paris Diderot.
Je signale aussi les entretiens avec André Revuz que
Michèle Artigue avait réalisés il y a un an, disponibles sur CultureMath.
Témoignage d’André Deledicq
André Revuz aimait les mathématiques et voulait qu’on les enseigne bien.
Mais surtout, il nous aimait, il aimait discuter avec nous et cela se sentait.
On avait l’impression qu’il considérait comme un devoir moral et impérieux de partager, d’échanger et de défendre inlassablement la qualité du dialogue qu’il avait avec les autres.
Car il ne voulait pas transiger sur la qualité de l’éducation et il ne supportait pas les manquements à l’intelligence qu’il pointait avec constance et passion ; cela le mettait en colère, mais c’était toujours une saine colère.
Il a mis sur la voie un nombre impressionnant d’entre nous, des jeunes « agrégibles » de 68 à tous ceux qu’il a entraînés dans la grande aventure des IREM.
Car il savait mettre sur la voie ; par son enthousiasme, par sa rigueur intellectuelle, par sa disponibilité et son humanité. On pouvait être en désaccord avec lui, il acceptait le débat avec joie, il réfléchissait honnêtement et il faisait réfléchir. Sans lui, beaucoup d’entre nous ne serions pas ce que nous sommes ; il nous a vraiment « formés », un peu à son image, un peu contre son image, à la façon d’un vrai maître qui respecte l’élève et qui sait lui montrer l’exemple sans lui imposer l’imitation.
J’ai eu le privilège d’être son successeur ; j’ai eu la chance qu’il m’accompagne de ses conseils et de ses soucis, qu’il me laisse faire mes essais et mes erreurs, qu’il me donne la leçon qu’il savait si bien donner, celle qui est de mettre sur la voie en suggérant : vas-y, si tu le fais avec rigueur et intelligence, tu ne risques que quelques erreurs, ce n’est rien, tu auras appris quelque chose.
Cette façon de solliciter l’intelligence des autres, pour qu’ils trouvent eux-mêmes la voie, il prenait le plus grand plaisir à la mettre en œuvre avec les enfants : combien de fois l’avons-nous vu, dans une classe, incitant les élèves à s’engager et à avancer leurs idées, avec leurs armes pour traquer la contradiction et essayer d’aboutir à un accord collectif !
Pour tout ce que tu as fait en nous, pour tous ces
souvenirs, André Revuz, merci, merci. Mais, quand même, tu sais, aujourd’hui, c’est difficile pour nous ; et la peine que nous avons nous fait venir des larmes partout, et dedans surtout.
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