Bonnes pratiques de publication

vendredi 22 mars 2013
par  Belliard, Jean-Robert, Saby, Nicolas
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Propositions pour les publications des IREM
Rédaction Luc Trouche, octobre 2001, adopté en ADIREM, Mars 2002.

Les recommandations qui suivent émanent de réflexions menées en interaction entre les membres du Comité Scientifique, les Responsables de Commissions et les Directeurs d’IREM. Leur fonction est d’aider autant que possible les groupes IREM à réaliser des documents plus significatifs de la richesse de leurs travaux et mieux adaptés à une large diffusion.

La finalité de ce texte n’est donc ni de restreindre la diversité des productions des IREM, ni de brider la créativité des groupes, ni de compliquer inutilement la tâche des animateurs qui, avec peu de décharge, acceptent d’écrire et de publier. Le but est au contraire de donner à chacun plus de raisons de publier les résultats des recherches auxquelles il participe à l’IREM et de faire en sorte que ces rédactions soient mieux utilisées par les collègues qui, trop souvent, en ignorent l’existence et /ou la nature.

Pour éviter les erreurs d’interprétation sur le sens de ces recommandations, distinguons d’entrée trois types de publications :

Le TYPE I ou premier niveau de publication, qui correspond au besoin
de beaucoup d’équipes IREM de faire part à chaud de leurs travaux comme accompagnement naturel de la phase finale d’une expérimentation. Excepté le respect de quelques règles élémentaires, ces productions peuvent, si elles ne visent qu’une diffusion restreinte et locale, continuer à garder le format assez léger que nous utilisons couramment.

Le TYPE II ou ADIREM, qui vise les publications ayant pour vocation une large diffusion de niveau national et pour lesquelles il nous faudra a priori être plus exigeant si nous voulons atteindre cet objectif.

Le TYPE III ou ancien à transformer, qui concerne les publications déjà existantes et qu’une relecture nous incite à travailler pour en faire des publications de TYPE II.

Esprit du protocole de rédaction que nous cherchons à mettre en place :

Il nous semble qu’excepté les règles élémentaires auxquelles ne peuvent se soustraire aujourd’hui des productions provenant d’instituts de recherche comme les IREM, les autres recommandations ou règles, notamment celles visant les productions de type II, sont plus à respecter dans leur esprit qu’à la lettre.
Au niveau de l’esprit, il s’agit principalement d’instaurer entre nous une coutume de critique constructive, i.e. une critique lucide et bienveillante, ayant pour seul but d’améliorer nos productions. Pour les « règles », s’il s’avère indispensable de nous en donner quelques-unes, nous ne devons absolument pas les regarder comme des prescriptions qu’il nous faudrait suivre à tout prix, fût-ce au détriment de la richesse et de la profondeur des réflexions du groupe.

En pratique donc, ces « recommandations ou règles » élaborées en commun doivent principalement être regardées par les groupes de recherche comme des aides à l’écriture, comme des invitations à repenser leurs méthodes de travail, comme des moyens d’accroître la synergie entre les IREM et les Commissions nationales, entre les différents groupes d’un même IREM ou entre des groupes d’IREM distincts.

  • Quelques « règles » de publication à faire entrer dans nos usages irémiques

I) « Règles » élémentaires des publications de Type I (applicables à toute production IREM nouvelle ou réédition)

P1) La règle de relecture avant publication
Chaque brochure est soumise, avant publication, à la relecture d’au moins une personne qualifiée (du point de vue du domaine visité), extérieure à l’équipe des rédacteurs initiaux.
Si de plus, l’un de ces « relecteurs » accepte de faire une présentation ou préface de ce qu’il a lu, ce sera encore mieux.

P2) La quatrième de couverture (type Publimath : nom des auteurs, titre, éditeur, date, public concerné, mots clefs et résumé) doit figurer sur chaque brochure.

P3) Liste des travaux proches : ceux des IREM parus sur le sujet dans les trois dernières années, tout autre document sur lequel le travail s’appuie en grande partie (pour l’analyser, s’y référer, le prolonger, aller contre, etc.). Cette liste n’a pas à être exhaustive, mais doit aider le lecteur à savoir où trouver des points de vue et des travaux proches, complémentaires ou contradictoires du thème abordé.

II) « Règles » moins élémentaires des publications de Type II (règles dans l’esprit desquelles il faut chercher à se placer quand on vise des publications du format ADIREM)

P4) Prise en compte d’un regard externe

Lorsqu’un groupe d’auteurs approche de la réalisation d’une brochure, il appartient au Directeur de l’REM et/ou au Responsable de Commission de s’assurer qu’une personne, ou mieux un groupe extérieur, a été contacté(e) pour faire une « critique constructive » de la réalisation envisagée.
Par exemple, les auteurs envoient pour lecture critique la publication non achevée, mais bien avancée, à une personne ou à un groupe qu’on sait - notamment par le document de synthèse des IREM - avoir des préoccupations sur le sujet traité.

L’intérêt de cet échange critique avant la rédaction finale est quadruple :

  • sur un plan psychologique, comme la production n’est pas totalement achevée, la critique est plus facile à faire et à recevoir ;
  • sur le plan de la motivation, le groupe n’ayant pas encore totalement achevé la réalisation du document et désirant faire quelque chose de bien, peut trouver les énergies nécessaires pour remettre en cause certaines options de fond (par exemple déséquilibre notoire entre deux aspects présentés), si la critique lui apparaît comme particulièrement pertinente et fondée (après publication c’est beaucoup plus dur) ;
  • sur un plan purement technique, la mise en page définitive n’étant pas encore effectuée, il est possible d’apporter des modifications substantielles de forme, sans être entravé par des questions techniques (cela devient pratiquement impossible quand le travail d’édition est trop engagé) ;
  • pour le choix d’un préfacier, si un des relecteurs ayant effectué ce travail critique marque un réel intérêt pour le document analysé, il peut devenir le préfacier naturel du document achevé.

P5) Explicitation de la problématique des auteurs

En général, un groupe part d’une idée très vague ou au contraire très précise (difficulté rencontrée en classe, insatisfactions devant les productions existantes, volonté d’approfondir une idée ou une méthode novatrice, etc…) et puis, au cours de la rédaction et/ou de l’expérimentation le groupe évolue, le but initial se déplace, la problématique change, s’affine, se précise.
Il peut être très instructif pour la progression du groupe des auteurs comme pour la compréhension des lecteurs (le plus souvent, des collègues qui vont chercher à mettre en application les idées suggérées) qu’au début de la brochure soit présentée de façon non elliptique l’évolution de la problématique du groupe de recherche, en particulier : pourquoi ce document ? Comment se situe-t-il éventuellement par rapport à certaines productions évoquées en P3) (il prend appui sur…, le prolonge ou au contraire va contre telle ou telle idée ou méthode proposée, etc.) ?
Toujours dans l’idée d’éclairer le lecteur et éventuellement d’engager un dialogue avec lui, l’explicitation de la problématique des auteurs peut aussi aborder les questions :

  • quelles sont les difficultés, les obstacles, ou au contraire les éléments favorables insoupçonnés rencontrés au cours de la recherche qui ont amené des changements de point de vue importants dans le groupe ?
  • après coup, quelles sont les pistes qui apparaissent aujourd’hui au groupe comme particulièrement intéressantes à creuser, pistes sur lesquelles les auteurs aimeraient que le lecteur utilisateur réagisse, apporte éventuellement son expérience propre, indique la faisabilité (pour lui) des propositions faites dans le document ?

Dans cet ordre d’idées, comme les productions de Type II doivent comporter une préface rédigée par une personne extérieure au groupe des rédacteurs initiaux, cette préface peut servir en partie à mettre en évidence la problématique.
En effet, puisqu’une préface a pour but d’éclairer le lecteur sur ce qu’il va trouver d’essentiel dans cette production, elle peut, si elle est rédigée en coopération avec l’équipe des auteurs, être un moyen d’expliciter la problématique du groupe telle qu’elle apparaît de l’extérieur.

Enfin, dans les productions de type II, la bibliographie peut être un moyen complémentaire pour expliciter la problématique, car cette bibliographie peut comporter deux volets :

  • un premier volet se réduisant à la liste des publications (Type I)
  • un deuxième volet plus commenté dans lequel les auteurs positionnent leur propre production par rapport à des publications déjà existantes. Par ce positionnement s’explicite une part de la problématique des auteurs.

III) Pour les publications de Type III où il s’agit d’effectuer un travail sur des documents anciens pour en faire des documents de type II, il paraît important d’exploiter le recul que donne le temps pour prendre de la distance vis-à-vis de ce qui a été écrit il y a quelques années et le mettre en perspective avec ce qui s’est fait et écrit de proche ou de contraire au cours de cette période.

La règle essentielle à suivre est alors de respecter l’esprit de la critique constructive.

  • L’esprit de la critique constructive

Il s’agit, répétons-le, d’instaurer dans les IREM une coutume de critique bienveillante et coopérative ayant pour seuls buts de :

  • donner aux auteurs plus envie de publier (par exemple, donner le coup de pouce qui permet à une équipe de cesser de différer indéfiniment la publication de sa recherche),
  • mettre en relation ces auteurs avec d’autres équipes travaillant sur le même sujet, leur faire connaître des publications traitant le même thème,
  • améliorer les productions en cours de réalisation ou déjà parues (supprimer les bévues et réparer les oublis fâcheux, souligner les points de vue contestables ou mettre en évidence ce qui semble particulièrement intéressant dans le travail des auteurs, mais pas suffisamment mis en valeur).

Dans cette optique, auteurs et lecteurs critiques ne se voient pas comme antagonistes : ils se situent comme co-auteurs faisant partie d’un réseau d’équipes de recherche.

Il ne s’agit donc en aucun cas de porter des jugements péremptoires, peu respectueux des personnes, de l’esprit et des conditions dans lesquels elles ont travaillé, jugements catégoriques proférés bien souvent pour libérer des humeurs, marquer sa frustration de ne pas avoir écrit soi-même, montrer sa supériorité ou écarter un concurrent dangereux !

C1) Niveau élémentaire de la critique constructive (lapsus, bévue, oubli, etc : tout le monde le voit, mais c’est encore mieux de le signaler !)

Quand, à la lecture d’un document, on découvre une anomalie ou étourderie, plutôt que de s’esclaffer et d’en faire des gorges chaudes, on prend son tel., son mail, son fax ou sa plume pour en avertir immédiatement l’IREM éditeur.

C2) La critique constructive en tant que telle : celle qui s’exerce pour améliorer le fond d’un document auquel on attribue une valeur épistémologique et/ou didactique certaine. Cette critique peut s’exercer soit sur un document en cours de réalisation dont on a eu connaissance pour des raisons x ou y , soit sur un document déjà paru et dont on pense qu’une réécriture ou un commentaire introductif permettrait une diffusion beaucoup plus large.

Le lecteur (ou le groupe) critique intervient donc non pour proposer à l’auteur de changer de point de vue ou de supprimer ses propositions fondamentales, mais parce qu’il pense précisément qu’il y a suffisamment de grain à moudre dans la production analysée pour qu’une contribution externe puisse d’une certaine façon accroître la valeur ou la portée du document critiqué (améliorer sa lisibilité, éviter des maladresses ou des sources d’incompréhension, compléter des manques, apporter un point de vue complémentaire, introduire un point de vue opposé qui ne tend pas à éradiquer le point de vue initial).

  • Le bon fonctionnement de la critique coopérative pourrait alors être du type suivant :
  • La critique s’exerce de façon non voilée, car elle n’est pas là pour péjorer ou détruire mais pour mettre en exergue, en valeur des idées et des propositions jugées cruciales, ce qui n’exclut pas les propositions contradictoires.
    Le lecteur critique peut donc, pour analyser, se placer sous un point de vue différent, mais s’interdit absolument de chercher à trahir la problématique de l’auteur (lui faire dire ce qu’il n’a pas dit, lui reprocher d’avoir adopté un point de vue qui n’est visiblement pas le sien, de ne pas s’être placé au niveau qu’il n’a pas choisi, etc.)
  • Cette critique est considérée comme de bonne foi par les auteurs, ils la considèrent a priori plus comme une marque d’intérêt ou comme une aide que comme une agression ou une volonté de détruire.
  • Cette critique faite et entendue de façon coopérative donne alors lieu à un échange sur le mode « que pourrait-il sortir de positif de notre échange ? »

* Après un certain nombre d’échanges épistolaires et/ou de rencontres, il se peut qu’on s’aperçoive que « ça ne vaut pas le coup d’aller plus loin » et en « bons amis » on en reste là !

* Il se peut aussi qu’on s’aperçoive que grâce à cette confrontation on a fait un « grand pas en avant ».
Les différents coopérants cherchent alors un moyen de publier le résultat de leur confrontation et ils le font sans gommer ce qui a posé problème, car c’est souvent le plus instructif pour ceux qui n’ont pas été au cœur du débat.

Le nouveau groupe des coopérants cherche donc à effectuer une nouvelle production, ou une fusion de deux productions, ou une publication des échanges …etc. etc.

Les différentes revues des IREM, le serveur des IREM, Publimath peuvent et doivent alors être utilisés comme des supports de ces nouvelles productions. (En particulier la fiche de renseignements de Publimath pourrait dans ces conditions s’enrichir de la rubrique « A propos de cette brochure » ou « à propos de cet article », rubrique comportant ces points de vue et analyses critiques distanciées de la production, rubrique qui lorsqu’elle sera renseignée pour un bon nombre de fiches, soulignera de façon originale le « R » du sigle IREM ).

* Il se peut enfin que les coopérants pensent qu’on ne peut en rester là, mais butent sur l’une ou l’autre des difficultés suivantes : soit ils ne voient pas comment diffuser de façon « utile » le résultat de leurs confrontations, soit ils se trouvent face à des divergences de points de vue très importantes sur le fond, quasiment irréductibles (ou « impubliables »). Dans ces deux cas, les coopérants peuvent s’adresser au Comité scientifique des IREM pour lui demander de travailler sur l’ensemble de l’échange afin de les aider à trouver une solution acceptable par tous et enrichissante pour les collègues enseignants.

Conclusion

En formalisant un peu l’organisation de nos productions, nous ne cherchons donc pas à normaliser nos recherches au risque de les scléroser ; nous faisons au contraire le pari que si nous arrivons petit à petit, grâce à ces recommandations, à mieux connaître ce que nous faisons chacun dans notre coin et à mieux pratiquer entre nous cette « critique constructive » dont nous essayons de définir les contours, loin d’étouffer la créativité des groupes, nous aurons construit là un puissant stimulant pour améliorer encore la qualité de nos travaux et la façon de les partager.

Questions et propositions pour une meilleure visibilité de notre réseau
Est-il opportun de faire apparaître plusieurs niveaux de publications ?

Publications papier
Si le directeur de l’IREM souhaite obtenir une meilleure reconnaissance de ses publications, il peut faire appel à un éditeur public institutionnel ou à un éditeur privé.
Le réseau des IREM (Publimath, publirem, diffusion des brochures) est une bonne façon de faire connaître nos publications. De plus il est relayé par l’APMEP (via le bulletin vert), l’INRP (via le site educmath), le site cultureMaths … Pourrait-on envisager une diffusion encore plus large (en remplissant diverses bases de données (type Electre, Fnac, Sudoc…) ou via la librairie des maths ? En avons-nous les moyens ?

Propositions pour l’édition des brochures
Penser à un éditeur public de préférence institutionnel (le privé n’acceptera pas des ouvrages qui ne rapportent rien) : SCEREN, INRP, presses universitaires de l’université de l’IREM de rattachement par exemples. Rencontrer son directeur, négocier les conditions de publications.
En cas de non aboutissement, les presses universitaires de Franche-Comté peuvent éditer la publication sous réserve des contraintes imposées à celles de l’IREM de Besançon, avec convention avec l’université de l’IREM demandant la publication. Cela peut sembler lourd mais d’une part bien fixer les choses aide par la suite, d’autre part ce n’est pas le président de Besançon qui va financer tous les IREM de France et parmi les indicateurs LOLF des universités figure le nombre de publication par exemple ; il vaut mieux avoir des arguments efficaces, à défaut d’être bons, pour négocier le financement.

Essayer de définir une maquette de couverture « commune » à toutes nos brochures avec des déclinaisons locales.

Propositions pour l’édition des ouvrages
Faire ressortir que le niveau de publication n’est pas celui d’une brochure.
Soit passer par un éditeur privé : APMEP, Ellipses… (Par exemple, les publications de la CII épistémologie sont constituées en collection IREM chez ellipses)
Soit passer par un éditeur public (à Besançon, la collection « didactiques » joue ce rôle).

Publications en ligne ?
En résumé : en vue de ménager les susceptibilités locales, il faut se renseigner sur la politique éditoriale locale.

IREM - Département de Mathématiques
UFR des Sciences et Techniques - 16, route de Gray - 25030 BESANÇON CEDEX
Téléphone : 03 81 66 62 25, Télécopie : 03 81 66 66 23, Adresse électronique : iremfc@univ-fcomte.fr

UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ
INSTITUT DE RECHERCHE SUR L’ENSEIGNEMENT DES MATHEMATIQUES


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