Le nouveau concours de recrutement de professeur des écoles propose deux temps pour évaluer les mathématiques : l’un, au niveau de l’admissibilité, l’autre au niveau de l’admission.
La COPIRELEM a déjà alerté le ministère à plusieurs reprises sur l’incompatibilité entre le cadrage proposé pour les épreuves de recrutement et une formation professionnelle de qualité pour les futurs Professeurs des Écoles (voir notamment http://www.univ-irem.fr/article299.html ). Notre réaction porte aujourd’hui sur une analyse de la partie mathématique des sujets « zéro » proposés pour l’épreuve d’admissibilité.
Une régression prévisible : les mathématiques limitées à la seule maîtrise de techniques
Le principal enjeu d’une formation en mathématiques de futurs Professeurs des Écoles consiste à apporter, au-delà des seuls savoirs mathématiques, un regard distancié permettant à tout candidat de se (re)questionner sur ces savoirs et d’appréhender les apports, les intérêts et les difficultés propres à l’enseignement de cette discipline à l’école primaire. Dans l’ancien concours, le choix fait pour aborder cet aspect était de proposer une articulation entre connaissances mathématiques et didactiques via les questions complémentaires (analyse de productions d’élèves, d’extraits de manuels et de préparation de séances). En l’état actuel, ces exercices de permettent d’évaluer des connaissances académiques mais ne sont révélateurs d’aucune prise de recul sur les savoirs à enseigner à l’école.
L’élévation du niveau de formation des Professeurs des Écoles prônée par le ministère ne revient-elle qu’à s’assurer de la maîtrise d’un bagage mathématique de niveau collège ?
De plus, l’absence de note éliminatoire soulève une contradiction avec la volonté de sélectionner des candidats ayant tous un bagage mathématique.
Une sélectivité discutable de l’épreuve écrite
La mise à l’épreuve de ces sujets zéro par des étudiants préparant actuellement le concours, révèle la quasi-impossibilité de s’investir raisonnablement dans l’ensemble des parties de l’épreuve écrite en respectant le temps imparti. En effet, les exercices sont trop nombreux, et de plus le rapport investissement/gain de points est très inégal. Par exemple, le vrai/faux/justifier suivant – extrait du sujet n°1 – exige un travail mathématique important dont le gain est limité à 0,5 point sur 20 pour le candidat scientifique qui le réussira :
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Soit a l’aire du petit carré inscrit dans le cercle, et A l’aire du grand carré, circonscrit au cercle.
Alors A = 2a
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Ce type de question ne pénalise-t-il pas les candidats qui s’investissent dans la résolution des problèmes mathématiques de l’épreuve ?
Un cadrage d’épreuve qui renforce la spirale de l’échec
Les sujets proposés cantonnent les candidats dans une vision des mathématiques qui les a, pour la plupart, déstabilisés à un moment de leur scolarité. Ils vont à l’encontre d’une réconciliation indispensable avec la discipline. Il est difficile d’imaginer que cela soit sans conséquence sur leur pratique professionnelle à venir.
Comment enseigner et faire apprécier les mathématiques quand elles sont synonymes d’outil de sélection et d’échec ?
En conclusion
Une bonne culture mathématique est nécessaire pour le futur Professeurs des Écoles. Mais les sujets zéro illustrent une régression vers des savoirs disciplinaires non mis en perspective avec une dimension professionnelle. L’épreuve sélectionne les candidats sur des savoirs mathématiques du collège en évacuant complètement la question fondamentale des mathématiques pour le Professeur des Écoles. Au vu de son cadrage actuel, l’épreuve orale ne pourra certainement pas pallier tous ces manques.
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