L’ADIREM organise depuis longtemps le suicide des IREM. En fait très
vite les IREM ont été phagocytés par la didactique qui s’est présentée
et imposée comme la science de l’enseignement des mathématiques. À
cela s’est ajouté la fascination devant l’informatique pédagogique.
Tout cela est devenu le centre de l’activité irémique.
Quelques commissions ont résisté, ainsi la commission Géométrie et la
commission Épistémologie. D’autres se sont laissées piégées d’autant
que les programmes d’une part ont repris à leur compte un certain
nombre de dogmes didacticiens (comme on peut le voir dans la
présentation des programmes en trois colonnes et dans les manuels qui
ont repris à leur compte ce qu’on peut appeler l’activisme
pédagogique), d’autre part ont repris à leur compte une
informatisation à tout va dans lequel l’informatique intervient plus
comme un gadget que comme une science et une technique (il suffit de
comparer le discours de l’informatique pédagogique et les activités
qu’elle propose et les travaux réels qui se situent au carrefour des
mathématiques et de l’informatique).
En fait les IREM ont suivi la mode, espérant ainsi survivre dans la
dégradation de l’enseignement organisée par les divers gouvernements.
Devant cette double fascination des IREM exercée par la didactique et
l’informatique pédagogique, il était clair que les commissions qui
résistaient devenaient inutiles. À cela s’est ajouté la fin de la
géométrie dans les programmes d’enseignement. Alors à quoi servait une
commission devenue inutile d’autant qu’elle se réduisait à quelques
retraités ou futurs retraités. Pourtant si la commission est réduite,
ses colloques continuent d’attirer des enseignants soucieux de
mathématiques. Mais cela importe peu à une ADIREM plus soucieuse de
ses relations avec l’institution que de l’enseignement des
mathématiques, comme l’ont montré ses réactions face aux diverses
réformes.
La commission Épistémologie reste une commission vivante. Elle reste
un lieu de conservation des mathématiques non seulement parce qu’elle
s’intéresse à l’histoire mais parce que cet intérêt pour l’histoire
s’appuie sur les mathématiques, y compris les mathématiques
d’aujourd’hui. En ce sens elle est aussi à contre courant face à un
enseignement qui considère l’histoire plus comme un supplément d’âme
que comme un lieu de compréhension des mathématiques.
Alors il était tentant de mettre ensemble ces « ringards » qui
s’entêtent à considérer les mathématiques comme un lieu de culture et
d’intelligence.
La décision de l’ADIREM sonne comme une forme de condescendance envers
ces deux commissions qui se moquent de la mode. C’est ce qui apparaît
dans la lettre [1]
de Nicolas Saby et Frédérique Plantevin.
Rudolf BKOUCHE
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