Décès de Paul-Louis Hennequin : hommages

vendredi 27 mai 2022
par  Chabanol, Marie-Line
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C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès de Paul-Louis Hennequin survenu le 18 mai 2022.
Paul-Louis Hennequin a joué un rôle majeur dans le développement des probabilités clermontoises. Il a ainsi fondé l’école d’été de probabilités de Saint-Flour en 1971, et l’a dirigée pendant une vingtaine d’années.
Président de l’APMEP en 1976 et 1977, il a été directeur de l’IREM de Clermont-Ferrand et président de l’ADIREM en 1980 et 1981.
Il a créé et dirigé la MAFPEN (mission académique de formation des professeurs de l’éducation nationale) puis a créé et dirigé l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres (IUFM) de Clermont Ferrand pendant plusieurs années ; il en a été le premier directeur.
Il a été particulièrement actif ensuite à la SMF et dans la préfiguration d’Animath.

Ci-dessous un hommage de Jean-Pierre Raoult, suivi d’un texte de Jean Dhombres évoquant quelques souvenirs à l’occasion des deux décès de Paul-Louis Hennequin et d’André Antibi.

J’apporte ici ma petite pierre à l’ensemble des témoignages qui peuvent être rassemblés pour célébrer la mémoire de Paul-Louis Hennequin, témoignages émanant souvent de collègues qui l’ont bien mieux connu que moi. Mais le mien a peut-être le privilège de l’antériorité, car la première fois où j’ai entendu parler de Paul-Louis remonte à octobre 1962 : je venais d’être nommé assistant à la Faculté des Sciences de Paris, très précisément à l’ISUP (Institut de Statistique de l’Université de Paris) et j’ai fait là la connaissance d’une collègue qui venait de passer ses premières années d’enseignement à l’université de Clermont-Ferrand et qui m’a dit combien elle y avait été accueillie chaleureusement par le couple de Paul-Louis et de sa femme et quelle aide précieuse ils lui avaient apportée.

Ensuite, sans que nous ayons jamais directement travaillé ensemble, nos chemins se sont souvent croisés, car nous partagions à la fois la même spécialisation en calcul des probabilités et statistique et la même préoccupation pour l’enseignement des mathématiques, tant dans l’enseignement secondaire qu’en université.
J’ai ainsi été admiratif devant l’imagination créative et l’énergie de Paul-Louis qui ont permis, en tirant parti aussi de son ancrage auvergnat, la création, puis l’animation des écoles d’été de Saint-Flour, dans le beau cadre du Foyer des Planchettes.

J’ai aussi été impressionné par la masse de documents réalisés à l’intention des enseignants de mathématiques, dans une période où ceux-ci avaient grand besoin d’être rassurés sur l’enseignement, nouveau pour eux, des « Probas-Stats ». Il faut citer ici l’influence considérable, dans ce milieu, de son ouvrage, réalisé avec Louis Guerber en 1970, Initiation aux probabilités. Pour apprendre à conjecturer ; un beau titre qui marquait bien une finalité de cet enseignement.

Comme Paul-Loius, je me suis intéressé (mais plus tard que lui) au réseau des IREM (Instituts de Recherche sur l’Enseignement des Mathématiques) et nous avons aussi eu l’occasion de nous rencontrer à ce titre. La dernière de ces rencontres s’est déroulée, je crois, il y a une quinzaine d’années dans le cadre d’un groupe de travail réuni, à l’initiative de la Société Mathématique de France, pour réfléchir à l’élaboration d’une trame (non normative mais incitative) pour l’enseignement des mathématiques en licence, en prenant en considération l’évolution des programmes du secondaire. Comme les participants étaient invités, à la première réunion, à se présenter (pour ma part j’étais là notamment en tant que président du comité scientifique des IREM) Paul-Louis avait dit (je le vois et l’entends encore) : « Je suis un has been de pas mal de choses ». Sa participation au travail mené ensuite a prouvé qu’il avait bien tort de parler de sa propre compétence au passé et était au contraire en plein dans l’actualité, avec sa grande connaissance de l’état présent de la formation en mathématiques dans les lycées.

C’est maintenant, hélas que nous devons parler de Paul-Louis et de son œuvre au passé. Mais sa vigoureuse personnalité reste présente dans nos esprits.

Jean-Pierre Raoult

Deux disparitions de personnalités marquantes et bien différentes, l’une hélas plus ou moins attendue compte tenu de l’âge, l’autre plus inattendue, permettent les souvenirs, les anecdotes, les rappels d’actions des uns et des autres sur le long terme, et les publications comme les colloques et rencontres ; elles favorisent aussi la réflexion au présent sur ce que les Irems maintiennent. Car justement force est de constater la présence depuis la fondation dans les Irems de caractères marqués, et de personnalités agissantes comme Paul-Louis Hennequin et André Antibi, assez peu sensibles aux compromis de type administratif. Différentes personnalités à coup sûr, et les deux sourient peut-être quelque part en évoquant une « constante macabre ». D’autres évoqueront bien mieux les multiples activités de l’un et de l’autre, et je ne parlerai donc ni de probabilités , ni de didactique des mathématiques. De PLH, j’évoque seulement ici une très longue rencontre, à partir de Saint-Flour puis Clermont-Ferrand ; il m’avait parlé en détail de ce qui avait été la vie de Clermont-Ferrand de 1940 à 1944, me faisant découvrir un texte bourbachique débuté à la rentrée 40 de René de Possel. M’avait frappé sa connaissance intime des uns et des autres, sa large curiosité des caractères, avec un côté professeur Nimbus qui cachait une réelle empathie, et une manière de toujours s’intéresser aux élèves, particulièrement à ceux qui pouvaient avoir des difficultés. D’André Antibi qui me força la main avec la complicité de Jean-Pierre Kahane à redevenir président du Conseil scientifique des Irems, je tiens à saluer l’énergie débordante, la gentillesse enveloppante qui le faisait arriver à ses fins, vous convertir à ses vues, ou disons plutôt éviter qu’une contradiction trop flagrante n’apparaisse. Je suis sûr que Guy Brousseau abondera dans mon sens à ce propos. Mais puisque les deux sont réunis par les Moires implacables, je voudrais souligner leur grande capacité à tous deux à ne pas s’enfermer dans une structure particulière, de savoir chercher constamment d’autres individualités, d’ouvrir toujours en quelque sorte. Cela requiert de grandes qualités, de curiosité, de jugement aussi, et surtout d’une grande générosité. 

Jean Dhombres


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